2023

Malgré leur taille minuscule, les organismes planctoniques jouent un rôle crucial dans les écosystèmes marins, car ils constituent les éléments fondamentaux de l'ensemble du réseau alimentaire marin. Les phytoplanctons contribuent à environ la moitié de la photosynthèse se produisant sur la planète, ce qui en fait l'un des producteurs d'oxygène les plus importants au monde. Le changement climatique et

l'augmentation des températures de la mer posent de graves risques pour les populations de plancton.

Azzurro is my favorite color plonge les spectateurs dans le monde captivant du plancton. À travers des compositions floues et surréalistes, chaque image sert de portail vers un univers enchanteur où les organismes microscopiques dansent dans une symphonie de couleurs et de formes, brouillant les frontières entre réalité et fantaisie et invitant à la contemplation et à l'émerveillement. Au-delà de leur attrait esthétique, la série sert de rappel poignant de la fragilité des écosystèmes de notre planète.

Animée à la fois par une vision artistique et par une volonté de sensibilisation à la protection de l'environnement, la série encourage à apprécier la beauté captivante du plancton tout en approfondissant la prise de conscience de la nécessité urgente de mesures de conservation.

Rosse rosse – superlatif absolu italien pour « très rouges » – est une invitation à l’exploration visuelle du sang menstruel. Bien que le sang soit un élément largement présent dans l'imaginaire visuel commun, sa représentation en lien avec le cycle menstruel est masquée par un sens strict de la pudeur et une certaine crainte visuelle. Les règles sont souvent considérées comme une source de honte et de dégoût auprès de plusieurs cultures, et la perception sociale de ce type de sang est fortement influencée par l'approche androcentrique.

En exploitant les caractéristiques physiques de ce fluide organique –sa texture, sa viscosité, sa brillance, sa couleur flamboyante– dans plusieurs tranches de vie réelle et espaces oniriques, l’artiste cherche à détourner et à questionner la connotation négative qui lui est associée. Elle invite à expérimenter la vue de ce sang avec un regard impartial afin de reformuler la perception subjective de cet élément en remettant en question toute idée reçue.

L’affichage du contact peau à peau avec ce sang –contact auquel des millions de personnes sont confrontées de manière régulière– apparaît comme un geste nécessaire et dérangeant au-delà du genre et des conventions. Loin de chercher la beauté ou la force du phénomène menstruel, l'expérimentation visuelle derrière Rosse rosse est centrée sur l’observation des consistances du fluide et de ses nuances de couleur ; ces images "très rouges", même si capturées en douceur, apportent avec elles l'arrière-goût amer de la violence et de la douleur physique associées à la complexité d’un corps qui saigne de façon inéluctable. La série montre ce sang incontrôlable qui coule, tache et imprègne les textures des tissus et de la peau ainsi que la vie des corps dont il s'écoule.

En choisissant de travailler avec du sang menstruel, l’artiste utilise un matériau qui est à la fois intime, organique, sous-représenté bien que fortement commun. Le rouge vif des photos attire et confond l'œil en créant une tension entre l'attraction, la curiosité et la répulsion.

À première vue, ces reproductions répétitives en noir et blanc captivent par leur aspect énigmatique. Leur origine est révélatrice : même si elles ressemblent à des photos, il s'agit en fait de photocopies. L'artiste, confrontée au stress post-traumatique et à la dépression, a donné naissance à cette série en 2019, au sein de son bureau parisien.

Exaspérée par la routine du métro-boulot-dodo, dans un geste de désespoir, elle décide de plonger son visage dans la photocopieuse. Le résultat la fascine et commence ainsi une série d'expérimentations, chaque photocopie capturant une facette différente de son mal-être intérieur. Les feuilles qui sortent de la photocopieuse se ressemblent : ce sont des copies du même visage et des copies des mêmes émotions, tout comme les journées au bureau sont des copies imparfaites les unes des autres.

Au fil du temps, ce rituel de création pratiqué en secret devient alors sa manière de résister à l'uniformité oppressante du monde du travail et à l'aliénation de la société urbaine. En jouant avec les ombres, les cheveux, les contrastes forts et les expressions du visage tordu, elle crée des métaphores visuelles de son état psychophysique.

En détournant la technique impersonnelle de la photocopie à des fins artistiques, elle transforme un processus de reproduction de masse en une forme d'expression intime. Chaque feuille de papier A4 devient le vecteur de son cri de désespoir et de sa révolte contre la routine étouffante.

Tirage de photocopies sur bande en PVC